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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 06:49

 

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Jusqu'alors le gros orteil du petit était comme tous les gros orteils : il allait partout où vont les pieds, nus ou pas. Il allait.

 

Mais il a grossi.

Puis il a rougi.

Et fait mal au marcheur.

La marche se fit avec un seul gros orteil : celui qui restait normal.

Une marche à cloche-orteil, on peut dire.

 

Donc un soir de mal en trop, on a appelé doc ; et doc a pris une petite lame pour cisailler dans le rouge du gros orteil qui a saigné jaune, un peu.

Doc a aussi donné des pansements à faire, des médocs à prendre.

 

Après cela marcher se fit encore sur un seul gros oreil, parce que le soigné était trop épais de bandages pour se caler dans une chaussure : à la ville il faut mettre ses orteils dans des chaussures... ou ne pas sortir.

 

Marche à cloche-orteil s'affina, s'équilibra, devint plus souple et hardie ; presque invisible du mal.

 

Et aujourd'hui que gros orteil malade est presque guéri, le petit n'a plus qu'à apprendre à aller partout sur ses deux pieds. Nus ou pas.

 

Ut le 24/03/2012

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 12:14

 

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Trop...

Fort!

 

Si doux le lait d'humide...

 

Trop fort le vent.

Trop froid.

Va chasser de la ville l'humecté froissé.

Va effacer matin ouaté d'eau perlé.

 

Le vent.

Met mes cheveux partout à sécher l'humide de mer ; l'humide de large ; la vague d'eau qui transforme la ville en marée haute.

 

Et plus je grimpe la ville, et plus le vent.

Et moins le mouillé à peine ; le frisson charrié depuis la nuit, en vie souterraine avec l'écume qui baigne.

 

Les dents au peigne violent de cette brute échevelle le flou blanc,

l'imbibé de mes pas.

 

Vent.

Evapore ce qui encore dort.

 

 

Ut le 19/03/2012

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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 09:36

 

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Ce sont les clics-clacs du briquet qui m'ont fait tourner la tête :

Il avait sorti un morceau de résine marron foncé et l'émiettait à la flamme "clic-clac" dans le creux de sa main dodue de gosse.

Il a senti mon regard et nous nous sommes fixés jusqu'à ce qu'il ferme sa main et range le petit bout brunâtre dans sa poche ; un bout qui ne reniflait même pas l'odeur de la défonce.

 

Dans le wagon il n'y avait plus que les deux jeunes dans la rangée à côté de la mienne, et un mec au fond derrière moi, côté fenêtre.

C'est comme ça le TER du Vendredi soir quand on a passé toutes les gares jusqu'à Bandol.

 

J'ai remis mon regard dans mon bouquin.

Mais j'ai vu le gamin sortir une feuille à rouler et se faire le joint.

 

Il était presque obèse, les fesses serrées à mi-hauteur dans un jean de large trop étroit.

Il parlait avec un mec tout maigre et tout avachi dans le siège juste à ma gauche de l'autre côté du couloir, comme seules les jeunes savent ne rien dire dans cette nouvelle langue des quartiers qui répète toujours les mêmes mots ; à croire que la langue française elle n'a plus vraiment de vocabulaire et que tout le monde s'appele Yo ou Man.

 

Le train sentait la sueur vieille, la clope rance, les haleines perdues de vieux mots fantômes, et il y traînait un sale froid de fin de semaine qu'on aurait dit du shit à boulot.

 

 

Ut le 11/03/2012.

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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 07:56

 

 

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Yves Klein, Anthropométrie de l'époque bleue, 1960

 

 

 

Il fait trop large et trop frais ce matin.

Elle se réveillait comme au creux d'un lieu nouveau, d'une solitude nouvelle.

 

Il manque.... une substance de vie ; un peu comme l'odeur de soi-même. Tu vois?

 

Il manque le chuintement liquide ; cet air invisible, ce goutte à goutte inlassable qui d'habitude éteint la nuit, enserre le réveil sur lui-même, l'accompagne sur ses premiers pas de jour... même si elle ne l'entendait plus au fil du tricot des quotidiens.

Le liquide de vie si particulier à cet appartement : juste une rumeur bavarde, insouciante ; un grésillement inconstant. Le p'tit brin joyeux de l'eau derrière les volets.

 

Et qui aujourd'hui fait un trou de silence.

 

Derrière les volets il y a deux hommes en gilets bariolés qui grattent le cercueil de la petite fontaine.

 

Ut le 10/03/2012

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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 10:10

 

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Il est un minuscule elfe gris, tout gris du bout de ses orteils minuscules jusqu'à la pointe de ses ailes à peine à peine transparentes, assis en tailleur sur une moraine grise, dans un ciel froid et gris, dans un tourbillon de vent grésillard.

Devant derrière lui, sur les côtés : l'opaque d'une nuée grise que vient sceller le gris de cailloux ternes et ronds ; et par-dessus-dedans, le vent chutgrésillant. C'est tout.

Même pas de temps : un présent éternellement identique, y compris le bruit du vent.

 

Comme une rosée, comme à chaque fois la même, une larme glisse de son oeil droit jusqu'au pointu de son menton, puis disparait.

 

Devant les pieds croisés de l'elfe, posées sur la moraine, entrelacées comme un vieux baiser, il y a trois roses grises.

 

Et ça dure comme ça un temps que l'humain peut pas compter.

 

Jusqu'à ce que les paupières de l'elfe se soulèvent doucement et lui ouvrent les yeux.

Il a des yeux bleus comme en dedans des glaciers.

 

Il regarde les nuages et ses yeux déchirent le ciel.

Il regarde les cailloux et ses yeux déchirent la moraine.

Il se lève, s'étire, regarde partout autour de lui et ses yeux déchirent le vent.

 

La larme en forme de rosée a cessé de couler parce que le petit elfe sourit.

 

Les pétales des roses grises se détachent lentement un par un, s'étirent de bleu, et effleurent ses mains offertes.

 

Il est un minuscule elfe de glace bleue qui danse sur une langue de névé bleu, dans la lumière d'un ciel tout bleu, avec tout autour de lui des pétales bleus qui chantent un air de vent bleu.

 

Et ça dure comme ça un temps que l'humain peut pas compter.

 

Jusqu'à ce que les ailes du minuscule elfe devienne feu-follet ; et puis flamme....

Et qu'un infime soleil grossisse, grossise dans une mare de sang ; éveille en bas.

 

Les bruits en bas, la vie d'humains en bas...

... Qui se raconteront une histoire d'elfe gris, comme un rêve qu'ils auraient fait tous ensemble.

 

Ut le 06/03/2012.

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4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 10:00

 

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On avait fêté ses 23 ans une bonne semaine avant la vraie date, parce que les médecins nous avaient dit qu'il fallait se dépêcher.

Sa grand mère française lui avait acheté des glaces et des petits gâteaux multicolores chez un grand pâtissier parisien... lui qui ne connaissait guère que les soupes des légumes arides qui osent pousser près de l'Altiplano, à 4 ooo mètres...

Plus habitué à la feuille de coca qui coupe la faim, et aux alcools frelatés qui coupent l'ennui, qu'à tout ce qui fait douceur au palais et au ventre, et à l'âme.

 

D'ailleurs il ne pouvait plus vraiment manger : son foie faisait un petit mont dedans son ventre.

 

Surtout il était heureux parce qu'on s'était cotisés pour lui acheter la console de jeux dont il rêvait... Alors il sautait, comme toujours quand il en avait la force : presque sur place, avec une intensité animale. Et il parlait fort et vite, et ses mots en forme de moraine tombaient comme des intrus dans le silence moribond de la maison médicale.

 

Il était un petit animal maigre, fougueux, avec des yeux d'ombres, un visage acéré, des cheveux noirs raides, forts comme une touffe d'herbes des hautes plaines désertiques.

Quand il souriait on aurait dit mon dernier fils.

 

Pour pas qu'il pense à sa mort, sa maman réapprivoisait les mots français si vieux de sa jeunesse, et, à toute heure du jour ou de la nuit, leurs deux visages côte à côte tendus, lui traduisait en espagnol les dialogues au fur et à mesure du défilement des films sur le petit écran là-haut de la télévisoion : ils avaient épuisé le stock de films espagnols du petit loueur de la rue commerçante tout près où ils se rendaient tous les jours, lui en fauteuil roulant, elle comme une ombre scellée, fière, droite, grande et maigre, avec son visage taillé de vent et de montagne.

 

Paris préparait les fêtes de fin d'année.

 

Un après-midi il est mort. Le jour de ses 23 ans venait à peine de passer ; le jour de l'an aussi.

J'ai retrouvé sa maman dans la chambre vidée de tous leurs objets familiers, assise tout près du petit corps brun qui avait un sourire et les yeux entr'ouverts.

 

Ut le 04/03/2012

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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 07:49

 

 

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Il est là le jour petit blafard faiblard, sous la paupière fatiguée.

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C'est quelque fois comme ça au réveil.

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Un temps incolore.

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Et puis finitude soleil se lève enfin dans la tête ; et ça sonne plus clair.

Le corps se souvient ; les gestent savent ce qu'ils ont à faire... l'heure suivante est déjà toute remplie...

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Et plof, sans conscience vraiment, le corps est allongé dans le lit ; les paupières serrent des yeux noircis par besogne de jour.

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Des yeux qu'ont déjà plus souvenir de soleil dans la tête.

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Ut le 26/02/2012

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 09:00

 

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Derain "Figure acroupie" 1907

 

 

 

Ceux-là claquent vraiment un peu trop fort... « plac-plac-plac » horloge boulot dans les talons!

Ils m'ont tiré de la torpeur qui suit toujours l'enfer noir et glacé ; ce moment presque délicieux d'inconscience où on croit être enfin mort sans que ce soit vraiment de sa faute...

Bref, je pousse l'étroite écharpe raide qui bande mes yeux, et je vois s'enfuir deux bottinnes marron à petits talons pointus-mal-entretenus.

Je monte le regard (toujours un peu haineux, hein, vis-à-vis de ceux qui semblent marcher dans leur tunnel de vie bien précis, clair et net, sans un coup d'oeil pour à droite ou à gauche), et je vois une petite silhouette manteau gris bien coupé, écharpe noire, bonnet avec un bracelet de fourrure...

Hé...Pas tant que ça sûre d'elle la silhouette, si j'en juge d'après mon expérience de silhouettes.

Tu me diras, de là où je suis -aujourd'hui c'est la marche de la banque d'avec la grand'rue- j'ai plus l'habitude des chaussures que des silhouettes... m'enfin il m'arrive de me renseigner un peu, de lever l'oeil et d'observer avec autre chose que la haine ou la faim. Ou le froid dans la haine et la faim.

Pis v'là qu'mon oreille encore un peu sommeil est attirée par un autre bruit de pas à droite, qui s'approchent lourdement, et comme je tourne les yeux par là, « poum » la petite silhouette grise à talons « plac-plac » s'effondre sur le trottoir!

Plus bouger.

Pas le temps de réagir ; bien sûr : on a perdu l'habitude de réagir quand on ne fait plus rien depuis si longtemps... (depuis combien de temps, déjà?)

Et pis quoi : « Cling! » mes yeux virent mécaniquement vers le kleenex trempé que j'avais étalé devant moi (quand ça déjà?) : il vient de faire ce bruit, ah ce bruit... d'une pièce qui en cogne une autre en lui tombant dessus...!

Là, je te jure, le corps tout d'un coup, il existe comme dans la vraie vie ; en suspens, en espérance, en sueur, en rêves....

Combien? Combien le pas lourd à droite m'a donné de fric? Est ce que c'est assez pour un café, un truc chaud en réveil de jour?

Mieux????

 

Déjà il fait tout gris.

 

Remettre l'écharpe sur les yeux.

Elle pue vraiment...

 

Marre de ces bruits de sirènes.

Ut le 19/02/2012

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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 19:46

 

 

 

C'est l'arnaque au nez gonflé, aux joues trop roses, aux cheveux qui transpirent, aux yeux suintants, au corps qui tremble.

C'est l'hiver.

C'est la nuit le matin et la nuit l'après-midi.

C'est trois pulls à ôter ou à remettre sous le manteau et l'écharpe et le bonnet.

C'est Vent.

Vent qui transporte ou sèche l'eau du ciel.

Vent qui glace par les trous de nez et givre des pierres dans la voix.

Vent qui ferme la bouche sous l'écharpe ; qui vole les cheveux empêtrés, plus ou moins trempés et plats et tristes.

Vent qui colle les dents, la pensée, les gestes : toute la place est pour lui, pour nuit, pour froid.

 

Même soleil a un air hautain et glacé dans sa robe d'hiver,

l'hiver.

 

Ut 18/12/2011

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 07:11

 

 

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Petit peton pointu, fille de soleil déjà, rire à peine de lumière qui court qui court des orangers aux blancs,

balance d'un coup de pied gracieux insouciant et ô combien irrespectueux,

Madame grincheuse vieille nuit

par dessus la terre.

 

Ut

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