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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 18:03

 

Les-guitares---les-taiseux.jpg

 

 

L'enfant dernier et moi on est des taiseux.

Peut-être parce qu'on a chacun en comun une cicatrice un peu honteuse : le père...

 

Il n'a jamais voulu me raconter vraiment. Juste un jour d'encore petits ans il a dit qu'il voulait parler au Juge pour plus aller chez lui.

L'enfant dernier et moi on n'aime pas l'enfer.

Depuis le père on le voit plus.

 

Pour confirmer, on a déménagé encore plus loin.

 

Maintenant restent les souvenirs ; qui se disent pas.

Un peu un cordon ombilical de silence qu'en finit pas de cicatriser.

 

L'enfant dernier et moi on est des taiseux.

 

Alors on s'écrit vite fait sur la table commune quand l'un est pas là ou que l'autre dort.

Ou on rit d'un coup d'un truc idiot des fois, quand il passe son grand corps de sa chambre au Nutella de la cuisine.

Ou on s'embrasse comme ça au coucher. Des fois.

Ou par-ci par-là il vient se poser près de ma fatigue sur le canapé du soir ; pis il repart dans sa chambre, porte entre'ouverte.

 

Mais l'enfant dernier va bientôt quitter ma vie pour la sienne.

Déjà je ne suis plus le seul amour.

 

Et ça me fait les larmes d'avance à penser au vide d'odeur ; au vide de ses bruits.

Surtout quand depuis mon lit, les yeux fermés mais pas dormis, je l'entends se faire sa musique ; parler guitare.

 

Cette conversation là... elle va me manquer...

 

Ut le 13/06/2012

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22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 07:34

La pluie d'ennui, grise, aveugle ; celle qui fait aussi pleuvoir dedans les corps et les âmes, tissait sans fin dehors.

Elle avait ce bruit d'elle quand elle est infinie : un monocorde refrain de feuilles mortes froissées... une montagne de feuilles mortes que le ciel aurait violemment écrasées, piétinées à tout jamais.


Petite enfant dessinait assise sur le sol carrelé d'ombres, jambes croisées, dans l'unique coulée plus claire de l'oeil de la fenêtre, loin des taches jaunes des lampes toute la journée uniformes dans leur apathie impersonnelle et triste.

L'enfant aimait le rire, la lumière et les couleurs ; et vraiment, ce gris de pluie si longtemps, lui était bien trop douleur pour qu'elle fasse autre chose que dessiner ; ou bien lire avidement les images luxuriantes du grand livre de contes japonais.

Et elle s'appliquait, penchée, son visage si blanc presque crispé de concentration, à remplir avec tous les crayons dont elle disposait, et sans déborder surtout!, le cahier de coloriages.


Très loin derrière sa tête, seule intime rassurance, tintaient un peu les notes à chaque fois différentes de la vaisselle entrechoquée par maman dans la cuisine.


Les adultes ne savent pas ; ont oublié ; les suintements gourds de certains silences des enfants.


Ut le 22/12/2009.

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20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 06:13

Le ciel dégringolait l'une de ses rares et violentes pluies d'été : une forêt mouvante et dure d'eau presque tiède.

Des rigoles de boue creusaient le pourtour de la petite tente de toile brune, pointue, ruisselante, presque adossée à la barrière métallique qui délimitait le camping.


Une gamine, à peine trois ans, cheveux raides et très noirs, mi-longs ; peau blanche... si blanche... yeux verts, était assise, immobile, dans le triangle ouvert de la tente. Jambes repliées et croisées dedans, mains en coque sur ses pieds, elle regardait l'eau tomber... et tout ce bruit qu'elle faisait!

Elle grelottait : tous les pulls, tous les habits de la famille étaient dans le coffre du vieux break marron ; celui dans lequel étaient partis maman et Marc.

Derrière elle, à l'abri de la tente, il y avait un chant ; un quotidien : deux enfants se disputaient un peu en jouant. Mais Marie ne se retournait même pas quand la voix aînée et presque grave du garçon couvrait le pointu de la fille :

Marie attendait maman.

Et rien n'aurait pu briser ce fil tendu de concentration... parce que Marie ne savait plus où était passée sa vie d'enfant ; pourquoi on avait tous quitté la grande maison jaune de la vallée de Chamonix pour venir dormir ici, sous une tente de pluie ; avec toutes les affaires dans la voiture....

Marc et maman avaient dit qu'on allait vers le soleil et la mer. Il n'y avait ni l'un ni l'autre. Juste cette solitude humide et bruyante ; inconnue, effrayante.

Marie assise croisée dans le triangle humide de la petite tente brune, attendait maman ; maman et son regard si noir qu'il en noyait toutes les misères d'un coup ; d'un coup de sourire aux yeux.


Ut le 20/12/2009.

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13 novembre 2009 5 13 /11 /novembre /2009 23:12
Premier atelier d'écriture pour mon fils et moi, ce jour.
On nous imposa l'acrostiche; en voici le fruit du grand petit homme de 14 ans.




 

Calomnies infernales que vos paroles destructrices

Endurcir votre haine envers moi ne serait qu'abattre un mur de diamant

Ne voulez vous pas un instant le regard apaisé, peser vos mots hurlants à la haine?

Dramatiques sont les phrases aux lettres en désordre

Revenez en arrière le stylo à la main

Et cessez d'éructer des consonnes assemblées.

 

Gabriel le 13/11/2009


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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 11:58


Mon fils; si un jour je meurs.
…Parce qu’on ne peut pas imaginer, mais il se fera, le temps d’une infime seconde, où nous ne serons plus jamais; nous deux.
Si moi avant toi.
Tu seras orphelin…
Ce sera si trop dur après tout ce temps ensemble… mon enfant!
Dans ton existence il n’y aura plus mon ventre, mes bras, ma voix, mon odeur, ma couleur de temps sur toi.
Tu seras vide.
Si vide et si seul qu’il ne faudra pas l’oublier, pour le pansement d’âme: l’Art! Le Merveilleux.
Pour respirer sans moi mais avec; et Vivre!

Alors tu pourras te souvenir de ta mère.
Et il faudrait que ce soit comme te rappeler que j’aimais:
Tout cet Humain, qui parle, qui m’a tenue droite et fière et belle.
Si droite, qu’avant ma mort, Ils n’ont pas réussi… à me faire tomber.

Il te faudrait écrire et raconter et dire; à Ton encre.
Et surtout pas oublier qu’avec les sons des mots si vrais, si justes, il faudra la beauté de la phrase: le dire, comme on esquisse, comme on compose: c’est ça le Sens!
Je te laisse tous les miens de mots; un peu en vrac; un peu partout, mais ils sont à toi. Et devant toi à ton enfant… j’espère!
A ton enfant avec tes mots à toi: de ceux que tu poses déjà, émerveillé de cette jouissance à… Créer…
Alors…
Il te faudra lire! Tous les mots… enfin, les Beaux! Et prendre le voyage avec eux.
Je te laisse ma pauvre vieille bibliothèque, amputée des dons, des perdus, des laissés au passé des guerres de vie.

Il te faudrait aussi peindre les couleurs, sur papiers, bois, toiles, cartons, verres, tissus, murs… cathédrales de n’importe quoi… mais les chanter. Illuminer!
Je te laisse mes tubes et mes pinceaux; et même un vieux fond de térébenthine (pour l‘odeur). Prends en soin:  ils m’ont coûté la faim.
Plus tard: touche les, caresse les, met toi du rouge et du blanc et du bleu sur les doigts; quelques fois… ils s’accorderont à ta main, peut-être…
Et il te faudra bien Regarder: entrer dans les musées, galeries, expos… avec toujours ce petit frisson de silence qui précède l’ouverture, la naissance au merveilleux peut-être, là; juste là! Universel et pourtant Unique.. et pour Toi!

Il te faudra, souvent, t’envahir la musique; note après note; et puis toutes ensemble, pour qu’elles chantent pour Toi; essuient la grisaille des jours; passent le chiffon immaculé de l’infiniment beau sur tes larmes, ta pauvre vie parfois; ce Temps… Et écouter encore. Et aller dans les églises aux veilles de Noël; respirer Bach; te remplir du «Gros» comme l’appelait Bobin.
Là je ne te laisse pas grand-chose: Ils m’ont volé tous mes vinyls.
Mais déjà j’entends comme tu écoutes le pauvre vieil ordi où tu fouilles, fouilles, pour trouver Le frisson!

Et aussi il ne faudra pas faire comme moi, qui n’ai jamais retenu rien: Apprendre, te remplir et apprendre!…
Et Donner!

… et continuer de me pleurer dans un chant Immense…. d’encres, de couleurs et d’instruments.

Maman.

Ut le 10/11/2009

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6 octobre 2009 2 06 /10 /octobre /2009 22:02

Pette salle.

Chaises, chevalets, petites tables.

Lumière.

Au centre, une table plus grande.

Odeurs de toutes les peintures, toutes les couleurs, tout ce qui sert aux mains à caresser le papier.


Posée sur la table, un modèle.

Nu.

Une jeune-fille fine, et ronde malgré tout.

Pas un de ses doigts ne bouge. Elle a attaché serré ses longs cheveux blonds. Elle est concentrée sur le corps arrêté; sur la pose.


Et dans l'air ça parle de rondeurs et d’angles; ça grignote, gigote le papier de couleurs du corps.


Ils racontent l’histoire de ce corps.

Ils croquent sa parole.

Les peintres.


Ut le 06/10/2009

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4 septembre 2009 5 04 /09 /septembre /2009 16:19

 

C’est un truc de ouf! La rentrée!


Enfin, cette fois là… :


J’étais en sommeil, ni trop chaud ni trop froid.


Et

J’ai rêvé une musique; un truc lointain; une mémoire écrémée.

La musique s’est amplifiée; puis aiguisée; puis hachurée.


Et e
lle gardait sa jupe plissée d’air archi connu.


J’ai serré mes yeux, tourné mon corps, jeté le drap à mes pieds:

Je ne craignais rien, ce n’était ni dangereux ni cauchemar; je pouvais continuer sommeil, intimement…


C’était comme un refrain de quotidien; une boucle souple.


Et

D’un coup la mémoire a raconté!

Elle m’a soufflé que fils était levé;
qu’il prenait son petit déjeuner-à-la télé.

Le p’tit dej’ de tous les jours d’école.

Le p’tit dej’ ronron du temps qui grandit les enfants, qui donne des

responsabilités aux parents.


Un peu, tu sais, la fameuse «chemise blanche», qui rend le cours de vie sur le dos de la femme apaisée, dans l‘odeur de lui;

Qui donne le La.

Après le temps sans aiguilles des amours…


Le petit dej’ du premier jour de la rentrée!


Et

Jamais je n’aurai imaginé, même rêvé, que la télé un matin m’aurait souri l’endormi; réveillée au jour neuf et calculé.


Ut le 04/09/2009

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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 06:02


C’est toujours la même chose: les enfants ne sont vraiment pas raisonnables!


Je lui avais bien dit et répété, que la fleur bleue, celle dans le vase tulipe, dans l‘entrée à carreaux noirs et blancs, sous l’épouvantable nature morte que tout le monde détestait à la maison (d’où la fleur bleue éternelle, pour cacher un peu ce vilain mensonge de couleurs), que cette fleur n‘existait pas, qu‘elle était artificielle; elle n’avait jamais voulu entendre-comprendre.

Chaque fois qu’elle passait devant la fleur bleue, elle lui donnait son regard, s’inclinait et souriait.

Chaque matin, avant même de déjeuner, elle changeait l’eau pure du petit vase étiré.

Et bien souvent dans la journée, je la trouvais assise à côté d’elle, à lui raconter des murmures.

C’est vrai que cette fleur bleue était très belle, et altière, et tellement douce aux pétales de velours…. Mais quand même, s’en faire une amie, ce n’était vraiment pas raisonnable!


Et voilà ce qui arrive quand on n’écoute pas la vérité; quand on n’entend que ses rêves….

Une nuit le chat a mangé la fleur bleue.

Incroyable! Comme s’il s’était vengé, acharné à la détruire: elle n’était plus que déchirures éparses et tordues par terre. Même sa fine queue, bleue aussi, avait été mâchée, détortillée, jusqu’au fil de fer d’armature.


Quand Myriam a découvert ça… elle est venue me chercher silencieusement, ses yeux verts devenus gris, avec posé dessus des larmes comme du maquillage.

Elle’a dit: « Ma fleur est morte ».

Je me suis précipitée… parce que ça je sais: le chagrin, ça fait trop mal tout dedans! Vite j’ai ramassé les débris bleus qui ne voulaient plus rien dire, et vite, je les ai mis à la poubelle, tout au fond, là où Myriam ne pouvait pas voir.


Myriam c’est ma fille; enfin… c’était, puisque depuis ce matin là, elle ne parle plus qu’au chat…

 

Ut le 27/07/2009

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12 juillet 2009 7 12 /07 /juillet /2009 14:10

Faudrait oser dire

La peur que t’as dans le cœur,

Papillon multicolore

Qui s’agite, qui s’agite,

Et qui trouve pas sa fleur.


Faudrait oser dire

Avec tes yeux ouverts,

Les larmes de la colère,

De la solitude amère;

Sans crier

Sans bouger.


Faudrait oser dire:

« A vo’te bon cœur M’sieurs-Dames,

...Pour un sourire.

 


Faudrait que t’arrêtes

De courir

De hurler

Bras croisés

L’âme en bandoulière,

Serrée sur ta misère.


Faudrait oser parler

Et fleurir encore

Sur l’envers de ta mort.


Ut le 12/07/2009

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11 mai 2009 1 11 /05 /mai /2009 06:40

Il ressemble à un ange blond. Il porte un prénom d’archange.

Comme tous les ados il tombe ses cheveux sur ses yeux, et ses jeans sont tous les jours plus courts sur ses chevilles.


L’est un peu silencieux, mais quand il rit de l’or goutte partout.


Un matin ses visages sur les photos du mur de sa chambre étaient effacés sous du marqueur noir.

Maman s’est fait du souci; a questionné l’enfant à la belle voix d’homme. L’a même emmené voir un psy.

Le psy a dit à maman que son fils était juste un peu trop sensible. Ce qu’ici bas on nomme artiste.

Lui il disait que ce n’était qu’une farce de somnambule; parce que la nuit fait des farces au jour.

Trois mois plus tard, encore plus enfoui sous ses cheveux; encore plus étiré dans son jean, il a dit à maman qu’il était furieux contre lui parce qu’il ne savait pas dire les blagues des garçons; ni montrer ses fesses ou son zizi; ni se vanter devant une fille.


L’est un peu silencieux, mais quand il rit de l’or goutte partout.


…. Et même si au collège l’or est effacé par le bruit des moqueries et des blagues à deux sous, maman lui a dit que ce n’était pas important, parce que ça ne dérangeait pas l’ange qu’il avait sur l’épaule.


Faut pas oublier l’ange. Faut pas gribouiller du marqueur de la société l’ange qu’on porte sur l’épaule.

Ut le 11/05/2009.

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  •  Elle est comme la note, volatile et grave. Elle écrit comme elle peint: pour oublier de se souvenir, et donner en partage; participer à l'ouvrage. 
donner l'encre ou les couleurs de sa symphonie à une note.
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