L'enfant dernier et moi on est des taiseux.
Peut-être parce qu'on a chacun en comun une cicatrice un peu honteuse : le père...
Il n'a jamais voulu me raconter vraiment. Juste un jour d'encore petits ans il a dit qu'il voulait parler au Juge pour plus aller chez lui.
L'enfant dernier et moi on n'aime pas l'enfer.
Depuis le père on le voit plus.
Pour confirmer, on a déménagé encore plus loin.
Maintenant restent les souvenirs ; qui se disent pas.
Un peu un cordon ombilical de silence qu'en finit pas de cicatriser.
L'enfant dernier et moi on est des taiseux.
Alors on s'écrit vite fait sur la table commune quand l'un est pas là ou que l'autre dort.
Ou on rit d'un coup d'un truc idiot des fois, quand il passe son grand corps de sa chambre au Nutella de la cuisine.
Ou on s'embrasse comme ça au coucher. Des fois.
Ou par-ci par-là il vient se poser près de ma fatigue sur le canapé du soir ; pis il repart dans sa chambre, porte entre'ouverte.
Mais l'enfant dernier va bientôt quitter ma vie pour la sienne.
Déjà je ne suis plus le seul amour.
Et ça me fait les larmes d'avance à penser au vide d'odeur ; au vide de ses bruits.
Surtout quand depuis mon lit, les yeux fermés mais pas dormis, je l'entends se faire sa musique ; parler guitare.
Cette conversation là... elle va me manquer...
Ut le 13/06/2012