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2 août 2008 6 02 /08 /août /2008 22:25

L'Evêché ruiné de chaleur repose lourdement, en veille à la vieille cathédrale de Marseille aux arrondis puissants rayés de neutre et de gris, repue.
Une sirène à un ton de nuit.
A peine quelques ondes de cliquetis sur le poids de l'enfer d'or de l'été: c'est un duo de flics tirés à quatre épingles par dessus la sueur et le gilet pare-balles, qui ramène un ivrogne blessé.
L'homme est tout taché du sang qui a giclé de sa lèvre. La lèvre qui a trop bu, qui s'est enivrée à la bière et à la chaleur.
Les corps gourds des hommes de permanence ont besoin de gestes pour ne pas s'assoupir; alors chacun va dire bonjour, à sa façon, au seul rescapé du soleil de 15 heures, à cet alcoolique placide qui ne comprend pas trop ce qui lui arrive.
Au rebondi gourd de la torpeur, la cascade monotone des doigts sur le clavier clôture la sentence: 0,84 grammes d'alcool par litre de sang. Notre ivrogne est bon pour un somme à l'ombre crade des geôles où même l'air est prisonnier.
Les hommes d'astreinte se sont rassis, ont repris une minuscule conversation, vaguement étourdis entre deux courants d'air, seule vie qui circule à cette heure d'Août dans la grande maison de police.

A l'éveil de la respiration du soir, les délits vont reprendre; les mecs vont frapper les femmes offertes et terrorisées; les gamins vont, d'un élan de scooter, tirer les sacs des voitures, des familles venues aux vacances, à la bouche béante du bateau pour l'Algérie; les deals vont se réouvrir aux mains encore un peu moites, et noires de l'argent passé, trituré, rendu, roulé et planqué; les voisines des cités, ces meilleurs copines du monde, vont à nouveau rouler les gros mots, les insultes, en ritournelles de haine de l'une à l'autre, les serviettes humides de mer encore sur le cou de leurs mômes à demi nus, qui n'y comprendront rien, alors dans l'ébloui d'eau et de sel et de joies bruyantes.

Mais 6 heures vont, avant tous ces fatras, dégringoler claires et nettes au clocher de la cathédrale, et j'irai dévaler les marches de ce massif carré gris qu'est l'Evêché, et courir au métro à l'haleine  fiévreuse et nauséeuse pour, vite, vite, m'asseoir dans la flèche du train qui, de soubresauts d'arrêts en traits bruyants, va me rendre à Toulon, pour enfin savourer Dimanche!

Ut le 02/08/2008



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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 22:18

Je ne sais pas top comment vous dire, mais s'il vous plaît,

Prenez une petite âme blanche et blonde, trempez la dans vos prières du soir, rêvez-là, posez-la à l’appui de votre éveil, …pour que jamais son souvenir ne soit biffé.

Pour que jamais ses années à l’ombre des grands racketteurs de billets, des trafics d’armes et de cocaïne, des intimidations par le meurtre ne demeurent transparentes.

Pour honorer ses réveils, le visage en sang, cabossé, éraillé... pour l’empêcher de dire; ou bien les internement, dans l’anonymat hagard d’un hôpital... parce qu’elle refusait de participer; et puis aussi quelques viols collectifs... parce qu’elle ne voulait pas droguer.

Pour saluer une mort jamais enterrée, jamais retrouvée….l’absence de sa maman.

Prenez une petite âme blanche et blonde, trempez la dans vos prières du soir, rêvez la, posez la à l’appui de votre éveil……. Avant que demain elle n'ait disparu!……..

Ut le 30/07/2008


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19 juillet 2008 6 19 /07 /juillet /2008 10:37
Lundi je repars......
au boulot!
Il me faut retrouver
les hommes bleus.
Les hommes bleus à mâcher les souffrances, à boire les cris, à voiler l'indécence.
A châtier les méchants au blafard des girophares, sur le cri en deux-tons.
Les hommes bleus au bras de soeur la peur, enchaînés en solitude à leur frère d'armes, l'équipier de Police Secours.
Les hommes bleus qu'on retrouve quelques fois recoquevillés dans l'aube d'un vestiaire, à pleurer la misère.

Ut le 19/07/2008

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17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 09:02

En appui sur le cri
Des silences baillonnés
De tous ces bannis
De l'envers de notre société
Je voudrais hurler
Qu'il n'y a pas de rimes
Aux non espoirs
A l'absence des mémoires
Claquemurées en crimes.

Ut le 17/07/2008 

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17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 07:43

Il est,
Ou plutôt il n’est pas,
Tout petit, tout brun, tout sale,
Assis sur la chaise d’un recoin crade,
Sans âme.

Quel âge? Quinze ans?

J’ai demandé à un homme en bleu
Ce que ce gamin faisait là.
Il a répondu qu'après un vol à l’étalage,
Il attendait sa maman.

Le garçon m’a froncé un regard.
J’ai voulu l’approcher, lui parler;
Il a tombé ses yeux noirs,
S’est recroquevillé plus profond sur son être,
A cessé de respirer.

Sur le bord de la chaise
Assis dans sa haine
De tous les hommes en bleu.

Quand au bout de la peine du jour
Au poste je suis revenue,
En passant j’ai vu l’enfant
Inscrit dans la même absence de son silence.

J’ai demandé à un homme en bleu
Ce que ce gamin faisait encore là.
Il a répondu
« Il attend sa maman »…….

Ut le 17/07/2008


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7 juillet 2008 1 07 /07 /juillet /2008 10:54
Le regard tremblé
Un bleu qui vire en son coin,
là, au bord de l'arcade.
La bouche qui n'sait plus dire, meurtrie sous les poings,
Qui enfin murmure puis s'retire
du mot qu'elle a osé ouvrir.
Ses mains qui éteignent le vide sur ses genoux fermés, jambes jointes, épaules lourdes.

J'ai dû
Lui faire épeler le cauchemard, le pas racontable, l'horreur sur sa vie.

J'ai dû
La mettre face à Lui.

Il a rigolé, puis l'a regardée, le poignard lancé au bout des yeux.
L'était enchaîné le mec, à sa réalité; mais n'voulait pas croire qu'elle m'avait raconté.
Elle s'est empalée sur la lame, sur ses mains à Lui entravées à ses cris, à sa violence, aux souvenirs partagés.
... et d'un coup sans rien dire, a renié la parole dénouée dans le secret d'une femme en désespoir à une femme en bleu.
Alors on a repris, les horreurs une à une,
la parole sur la terreur qui clot les vérités;
loin à l'abri du mec menotté.

J'aimerais un jour la revoir,
Qu'elle me fredonne que la plaie est bien cachée, que par dessus elle a mit un linceul de rires....
A l'Adieu du mec emprisonné.

Ut le 07/07/2008
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1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 19:23
La sirène.
Cri sur l'angoisse.
Hurlement au pli de l'âme, là où tu ne sais pas.
Douleur de chair.

Je connais la sirène: elle vrille le stress, court le sang, t'enclave dans le tunnel des autres vies,
des vies d'à côté; de celles qu'on prétend oublier.
Vies perdues, arrachées, paumées;
coeurs griffés de bleus, corps qui saignent.

Je connais la sirène qui jamais ne cesse l'appel à mourir.
Elle coupe les espoirs, les projets;
taillade les "Je t'aime!", submerge tous les rêves.
Derniers spasmes  d'air.
Tranchant de vie.
Cor funèbre.

Je connais les sirènes,
Les ceintures clipsées à la hâte,
pour aller tendre meilleures vies à l'âme d'à côté.

Ut 01/07/2008.

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20 juin 2008 5 20 /06 /juin /2008 20:00

Caserne ou prison, l’Evêché de Marseille est ce soir accroupi dans sa lumière blafarde.
La nuit est moite.
Les hommes en bleu qui inondent la cour intérieure par saccades, suent sous les gilets pare-balles.
Deux par deux, trois par trois, ils traînent leurs fardeaux toujours renouvelé: ces êtres ternes et sales d‘une mauvaise nuit sur un mauvais jour, privés de leurs mains closes dans le dos.
Ce soir rien n’est vraiment trop grave, mais les hommes en bleu défendent encore et encore ce boulot sans gloire, s’écoutent les uns les autres dérouler leur travail, leurs lourdes courses derrière de jeunes baskets agiles, leurs dernières rencontres avec la mort et son odeur et sa couleur de ce soir; leurs inévitables frôlements avec le risque ou l’erreur.
L’ouverture du jour les assomme dans une claque.
Ils iront dans les vestiaires quitter l’habit bleu et tout ce qui va avec.
Ils redeviendront toi, moi, nous, la ville qui s’enduit de soleil.
Ils coucheront leurs corps dans le sommeil heurté des éclatantes journées d’été, pour oublier enfin la tristesse crade de cet envers du monde qu’ils tentent de détricoter, maille de nuit après maille de nuit.

  Ut le 20/06/2008

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donner l'encre ou les couleurs de sa symphonie à une note.
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